© Alicja Kwade. Photo. Archives kamel mennour. Courtesy the artist and kamel mennour, Paris
Suivant la tradition bien connue de la semaine de l’art dans la capitale française, la première édition de Paris+ investit avec une œuvre inédite un lieu phare de la ville : la place Vendôme. Après avoir accueilli les projets du duo scandinave Elmgreen&Dragset, de la Japonaise Yayoi Kusama ou encore une sculpture monumentale d’Alexander Calder l’an passé, l’espace parisien historique imaginé sous Louis XIV se voit transformé cet automne par une installation d’Alicja Kwade.


Au fil des deux dernières décennies, l’artiste allemande d’origine polonaise s’est distinguée par ses œuvres en volume d’une précision extrême, dans lesquelles se rencontrent éléments naturels (pierres, branches), objets du quotidien (horloges, instruments de musique) et matériaux industriels (verre, acier) pour mettre le temps et l’espace en tension. Du toit du Metropolitan Museum à New York en 2019 au désert d’AlUla en Arabie saoudite au printemps dernier, les structures de la quadragénaire, représentée à Paris par la galerie Kamel Mennour, trompaient l’œil du visiteur à l’aide d’habiles calculs mathématiques : dans le premier projet, neuf sphères en marbre fixées sur des structures métalliques semblaient flotter dans les airs, tandis que dans le second, des miroirs et cadres imbriqués sur le sable jouaient sur les vides et les pleins pour faire apparaître et disparaître leur environnement aride et rocailleux.


Des principes que l’on retrouve dans son œuvre inédite imaginée pour la foire parisienne : place Vendôme, Alicja Kwade dispose des globes de tailles diverses en pierre naturelle vieille de millions d’années sous et autour d’escaliers en béton orientés dans différentes directions, à l’image des gravures de M. C. Escher, perturbant là aussi la perception du public. Accompagnée dans ce projet par le commissaire d’exposition français Jérôme Sans, récemment nommé à la direction artistique du centre culturel Lago/Algo à Mexico, et par la galerie Kamel Mennour, l’artiste passionnée de sciences met une nouvelle fois en scène des traces de l’histoire millénaire de notre planète, tout en matérialisant avec poésie la contingence, voire l’absurdité de notre existence. Au cours des mondes – le titre de l’œuvre – évoque d’ailleurs à la fois la course infinie et vaine de l’être humain contre le temps qui passe, et sa place infime dans l’univers.
Alicja Kwade, “Au cours des mondes”, du 19 octobre au 13 novembre, Place Vendôme, Paris 1er.

